ANGUSTIA Y PERVERSIONES COLOQUIO DE LA FEP EN MADRID

Agradecemos a todo el equipo de Lapsus de Toledo por la organización, el apoyo y la solidaridad en este coloquio. Asimismo a Rosa Almoguera y a la Fundación Ortega Marañón al igual que a Jesús Muñoz y a Editorial Ledoria.



MESA REDONDA DE LAPSUS DE TOLEDO EN MADRID

¿QUÉ ES ESO QUE SUELE LLAMARSE  
ATRAVESAR EL FANTASMA?  
QU'EST-CE QUE C'EST CE QU'ON APPELLE  
LA TRAVERSÉ DU FANTASME ?
REFLEXIONES SOBRE EL FINAL DE ANÁLISIS Y LA CONCLUSIÓN DE LA CURA
Intervinientes: Cristina Jarque, Lola Burgos, Soledad Godano, Gérard Pommier, Gorana Manenti, Roland, Chemama, Luigi Burzotta, Hans Saettele, José Eduardo Tappan, Jean Claude Aguerre, Christian Hoffmann, Alfonso Gómez Prieto, Belén Rico, Marcelo Edwards

,

POURQUOI LA PERVERSION ANGOISSE-T-ELLE ? (Colloque de la FEP à Madrid)

Gérard Pommier

Je vais aborder le problème de l’angoisse provoquée par la perversion à partir de la psychopathologie de la vie ordinaire. La question du voile islamique, qui a agité la société française dans les dernières décennies, en donne un exemple. La féminité pose spontanément une énigme, il est inutile d’obliger une fille à se voiler, elle voilera d’elle-même cette féminité à sa manière, justement pour la montrer. Ce voile éventuel est tissé dans la même étoffe souple que le refoulement. Et pourtant l’histoire montre qu’il peut se transformer en répression de fer. Il représente alors un symbole « crucial », à la croisée de son refoulement spontané et de la répression du désir « du » père,. Le voile est devenu culturel après avoir été un excitant, lui qui fut d’abord au service du désir. Le signe de l’interdit du père, étincelle d’une excitation transgressive, s’est métamorphosé en celui de sa jalousie répressive. Il existe d’autres symboles dressés à la croisée de la répression et de l’érotisme. Comme le voile, ils déclenchent d’un côté l’excitation à titre de fétiches, et de l’autre ce sont des instruments répressifs. Ainsi de l’érotisme du pied féminin, qui a pris la forme d’une répression en Orient, et d’une séduction en Occident. Des contraintes psychiques identiques se sont imposées sous des formes contraires en des pôles opposés de la planète. Louis XIV fut - paraît-il - le premier à mettre des talons hauts, lui que sa courte taille empêchait de toiser ses courtisanes à sa guise. Le Roi Soleil aurait ainsi inventé sans le vouloir un fétiche, lorsque les femmes lui emboîtèrent le pas et chaussèrent elles aussi des escarpins. Les talons hauts font depuis trembler les hommes, dont certains en font le centre solaire de leur excitation. A Paris, en courant comme elle peut sur ses hauts talons, une femme peut penser à ses sœurs chinoises, dont les pieds furent si longtemps bandés. Pourquoi cette prédilection pour les pieds torturés  des patriarches de l’Empire du Milieu ? Si l’on ose dire, pieds bandés pour bander, cette réduction du pied à celui d’une petite fille fut la source de leur excitation.[1] Si deux cultures qui s’ignorèrent à ce point, celle de la Chine et celle de l’Occident, se passionnèrent pour le pied féminin, c’est que les invariants de l’inconscient sont des créations subjectives autonomes. Mais ce qui fut excitant à Versailles, fut répressif à Pékin. Dans le bric à brac des bizarreries de la sexualité, un fétiche désigne cet accessoire qui provoque l’excitation et même parfois à lui seul une jouissance complète. C’est la chaussure à talons hauts, un certain habit, la lingerie, une cravache etc. Cette définition restrictive enferme le fétichisme dans un cadre étroit, alors qu’il a un rôle universel, au point de croisement du refoulement et de la répression. Il émarge au tableau des perversions, mais aussi à grande échelle à la panoplie érotique d’une culture. Chacun en use plus ou moins pour feinter son refoulement. Le fétiche se fond souvent dans le décor, sans que l’on sache d’où il vient et pourquoi il commande du haut de son impersonnalité. Car il commande l’intimité profonde de l’érotisme, et il fournit un bel exemple du formatage culturel de la sexualité, cher à Judith Butler : s’il existe un terrain où « l’imitation » montre sa grande efficacité pratique, c’est bien celui de l’affichage de toutes sortes de fétiches. 

ANGUSTIA Y PERVERSIONES (Coloquio de la FEP en Madrid)

Gorana Manenti


Dans la question préliminaire, Lacan  souligne le désastre que pour Schreiber présente la rencontre du Autre non barré, le père incarné le père préhistorique mythique de Totem et tabou. Souvent c’est une sorte de paranoïa du praticienqui va en premier se mettre en travers, barrer la route à l’accès d’analyse d’un psychotique. Une analyse qui restera d’ailleurs complexe et imprévisible puisque son tracé n’est pas continuellement balisé par le ressort du fantasme facilement repérable chez le névrosé. Par exemple cette paranoïa pourrait se manifester chez l’analyste dans un accès d’envie irrépressible de faire le père en se voulant éducateur, distant, froid, hautain, en passant toutes les séances dans un silence, vécu par le psychotique comme menaçant.Ces postures peuvent, chez un névrosé, provoquer une régression pulsionnelle et des rêves utiles, le pousser à conquérir son nom, sa place, à rivaliser avec ce père « fort » tandis que chez le psychotique cette attitude d’incarner le grand Autre va boucher les passages vers la possibilité d’une respiration subjective, rétrécir son espace subjectif déjà réduit et amener l’effondrement de son édifice psychique.
« L ‘homme de la télé » m’aime ! »
Je vais évoquer brièvement un cas clinique. Pardonnez-moi parce que je vais le condenser et il va être méconnaissable, ce qui est très bien aussi.  
Une femme fragile, jolie, intelligente, est venue pour parler de sa relation avec son mari, qui, depuis un certain temps, montre des signes d’une maladie relativement grave, ce qui l’angoisse beaucoup. Elle me dit qu’elle a fait plusieurs « tranches » d’analyse, et que maintenant avec moi elle veut refaire « un tour ». Elle annonce qu’elle vient un peu en touriste, visitant plusieurs analystes. Un jour elle me prévient  qu’elle a informé son précédent analyste du fait qu’elle voulait le quitter. Et effectivement cet analyste me téléphone très rapidement pour me dire : «  Surtout, vous ne me la renvoyez pas, comme vous avez essayé de faire ! C’est une hystérique épouvantable, elle met tout le monde en échec, c’est une séductrice, elle est fatigante, si vous-voulez bien vous en occuper, aucun problème, au contraire ! ». Et d’ajouter: « Sachez qu’elle m’a fait une très mauvaise réputation, en racontant à tout le monde qu’elle est en analyse avec moi et comme elle se met dans les états pas possibles et comme elle est très impressionnante, je ne tiens pas particulièrement à ce qu’elle revienne. »